Aux Petites-Dalles, la craie de l’estran et des falaises, date du crétacé supérieur et plus précisément du Turonien et du Coniacien, soit environ 90 millions d’années (1).
Les fossiles collectés aux Petites Dalles sont donc majoritairement de cette période.
Un fossile est le reste minéralisé ou le moulage d’un animal ou d’un végétal conservé dans une roche sédimentaire. Dans le cas de bois pétrifié, lors de l’immersion du bois des particules de silice ont été déposées dans les espaces vides puis se sont substituées à la fibre. En cas d’enfouissement, les matériaux accumulés, de part et d’autre de la carapace d’un oursin ou d’une coquille de bivalve, restituent l’aspect extérieur ou intérieur de cette paroi. La matière d’origine du fossile ou du milieu d’enfouissement peut avoir été conservée, mais d’autres minéraux peuvent s’y être substitués.
Les fossiles des Petites Dalles trouvés dans les galets sont généralement en silice sous différentes formes : silex, quartz, calcédoine ou même en cornaline.
- Echinochoris vulgaris en silex
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- Moule interne d’oursin (Micraster)
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- Section d’echinocorys vulgaris
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- offaster pilula
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Par contre, dans la craie de la falaise, des éboulis ou du platier, il est aussi possible d’observer ou d’extraire de fragiles fossiles en calcite. Dans ce cas la calcite s’est substituée à la paroi d’origine.
- Spondylus
Les fossiles en calcite remplis de craie vieillissent mal. Car avec le temps, la craie sèche et se contracte et la carapace en calcite se brise.
- Micraster en calcite partiellement brisé rempli de craie
Les argiles à silex forment des poches visibles en haut de la falaise. Ce sont les résidus de couches de craie plus récentes dissoutes par l’érosion. Les fossiles contenus dans ces argiles à silex sont donc représentatifs de périodes du crétacé plus tardives. Certains de ces fossiles peuvent avoir été colorés pendant leur séjour dans ces argiles à silex.
- echinocorys vulgaris
- Echinocorys vulgaris
Les oursins dont le test a été fossilisé sont les seuls utilisables pour des études scientifiques. Certains oursins en calcite peuvent faire apparaitre une partie du moule interne en craie, silex ou autres minéraux.
- Oursin régulier en calcite rempli de craie
- Echinochoris vulgaris en calcite dont le moule interne est en silex
Certains fossiles correspondent au moule interne de l’animal d’origine. Ils sont le plus souvent en silice.
- moule interne de micraster
- Térébratule
D’autres sont des moules externes.
- moule externe d’oursin micraster
- Cette empreinte est bien en creux !
- moule externe d’oursin
Quelques rares fossiles permettent de voir plusieurs couches fossilisées.
- Inocérame
Certains galets permettent de voir la tranche d’un oursin ou d’un coquillage.
- Echinocorys vulgaris
- bivalve
D’autres font apparaître le moule intérieur et le moule extérieur alors que le test de l’oursin d’origine a disparu. Il est alors possible de dégager le moule interne du galet en silex qui constitue le moule externe. La pluspart des oursins de petite taille sont trouvés à l’intérieur d’un galet.
- echinocorys vulgaris
- Conulus dans un galet
- radiole d’oursin & son moule externe
- Phymosoma
. Des fossiles, plus rares, ont préservé des parties de l’animal d’origine, par exemple : la carapace d’un oursin, une radiole d’oursin, une dent de requin...
- Moule interne d’un Conulus sur lequel des plaques du test ont été préservées
- Plaque d’oursin régulier en calcite
- Dent de requin
Par suite de multiples substitutions de matières, certains oursins sont transformés en marcassite (Sulfure de fer - FeS2). La croûte brunâtre résulte de l’altération par suite de l’exposition à la mer.
- Echinocorys vulgaris en marcassite (vu de dessous)
- Micraster en marcassite
Quelques oursins sont en partie cristallisés :
- Micraster partiellement cristallisé
- Conulus partiellement cristallisé
Lorsque le test de l’oursin est en calcite et le moule interne en silex, il est possible de le dissoudre avec un acide tel que du vinaigre d’alcool. Le moule de l’oursin fait alors apparaître des détails d’une très grande finesse. Ci dessous, les petites pointes en silice correspondent aux perforations dans le test éliminé par l’acide. Les reliefs plus importants représentent les cavités creusées dans le test ou la coquille après la mort de l’animal notamment par des spongiaires.
- Oursin dégagé à l’acide (echinocorys vulgaris)
- Reste de coquille colonisée par des spongiaires : cliona cretacea
Comme les oursins crayons actuels, certains oursins réguliers, étaient couverts de très longues radioles. Elles étaient supportées par des bases en relief sur l’extérieur du test.
- empreinte externe oursin régulier
- Plaque d’oursin régulier en calcite
- Moule extérieur d’une plaque d’oursin régulier
C’est pourquoi, les moules intérieurs et extérieurs, de certains oursins réguliers, sont tellement différents.
- Partie de moule interne et externe d’un oursin régulier
L’important relief du moule extérieur tranche avec la faiblesse de celui du moule intérieur.
- Partie de moule externe et interne d’un oursin régulier
Exceptionnellement certains blocs de silex peuvent renfermer un grand nombre de fossiles.
- Le bloc de silex contenait 30 oursins dont 1 en calcite et 1 cristallisé
Les silex de nos murs renferment de nombreuses empreintes de moules externes de fossiles et même parfois de moules internes comme cette splendide térébratule que les amateurs de fossiles admirent à chacun de leurs passages.
- Térébratule dans le silex d’un mur
- Deux faces d’une étoiles de mer du Turonien - source geoforum
Les étoiles de mer ont la forme d’un pentagone et n’ont pas de bras. Le Caletaster girardi Breton déposé dans le coffre du Muséum du Havre a été trouvé aux Petites Dalles par Gérard Breton. Ces étoiles de mer sont très rares, par contre, de nombreux fragments sont présents dans les silex sous formes de petits dés blancs.
A ma connaissance, des fossiles abondants à d’autres périodes de l’ére secondaire sont absents ou rarissimes aux Petites Dalles. C’est le cas notamment des ammonites, nautiles, crustacés et poissons.
Le silex trouvé aux Petites Dalles par Cécile Roger-Cavalère semble correspondre à une empreinte partielle d’ammonite.
(1) Description précise des différentes couches de craie et de silex des falaises des Petites Dalles :
Falaise aval :
Excursion des Grandes Dalles aux Petites Dalles :
http://craies.crihan.fr/?page_id=9903
Falaise amont :
Excursion des Petites Dalles au Val Saint Martin
http://craies.crihan.fr/?page_id=3163
Video de Bernard Hoyez
http://hdvidzy.com/video/file/falai...
Description élargie aux falaises du Pays de Caux :
Hoyez, B., 2008. Falaises du Pays de Caux. Lithostratigraphie des craies turono- campaniennes. Publications des Universités de Rouen et du Havre, 348 pp. Jarvis, I., 1980a.
Origine de la craie et des silex puis explication de la formation de la Manche et des falaises
Vidéo de Bernard Hoyez qui explique très clairement ces sujets complexes https://www.youtube.com/watch?v=EYn...